PORTRAITS D’ARTISANS D’ART
La Verrière est une galerie d’artisanat d’art voulue par la ville de Suresnes. Ouverte récemment, elle accueille de nombreux créateurs qui y trouvent un havre accueillant et stimulant pour exercer leur passion. Pour son inauguration, un petit livre a été édité, dressant le portrait de chacun de ses hôtes. Afin de montrer des visages, des vies, des vocations derrière ces métiers de création. Réalisation des interviews et écriture des portraits.
PORTRAITS D’ARTISANS D’ART
La Verrière est une galerie d’artisanat d’art voulue par la ville de Suresnes. Ouverte récemment, elle accueille de nombreux créateurs qui y trouvent un havre accueillant et stimulant pour exercer leur passion. Pour son inauguration, un petit livre a été édité, dressant le portrait de chacun de ses hôtes. Afin de montrer des visages, des vies, des vocations derrière ces métiers de création. Réalisation des interviews et écriture des portraits.
EXTRAITS DE TEXTES
Pour créer un bijou, Béatrice Balivet part sur une idée, un dessin, commence à manipuler la matière… et se laisse guider par la façon dont cette dernière réagit : doucement, en suivant et accompagnant ses transformations, elle la porte vers sa mue en un objet. Elle aime cette idée de hasard créatif, de relation libre et féconde entre l’esprit, le geste et la matière.
Elle travaille différents matériaux : la porcelaine principalement, dont elle aime observer les changements après cuisson ; la laine feutrée, qui offre cet instant magique quand les différents fils se feutrent, mêlant leurs couleurs pour en créer une nouvelle ; elle s’aventure aussi à explorer des matériaux semi-industriels tels que les liens de serrage, pour faire des colliers ; ou le plastique des gaines électriques qu’elle transforme à volonté grâce à leurs propriétés thermorétractables. Elle a également une véritable fascination pour la répétition des gestes. Refaire la même pièce 200 fois, avec strictement les mêmes gestes, et obtenir… 200 pièces différentes. Une ode au lâcher prise devant la force du hasard… Mais est-ce vraiment du hasard ?
Henri Bursztyn a la tête dans les étoiles. Elles lui inspirent des luminaires aux lueurs évanescentes qui subliment les atmosphères des intérieurs où ils lévitent. Amoureux d’éclairages LED discrets et poétiques, il se permet aussi des incursions dans le monde minéral et végétal pour imaginer des herbes, fleurs et fruits lumières.
Il est un designer du luxe dont l’imaginaire se nourrit de voyages, de souvenirs partagés, d’émotions. Henri Bursztyn a aussi les pieds… sur terre. C’est lui qui développe méticuleusement le process de fabrication de chacune de ses créations. Il en dessine chaque pièce et en confie la réalisation aux meilleurs artisans et métiers d’art, qu’il a rigoureusement sélectionnés : souffleurs de verre, peintres, menuisiers… mais aussi fabricants de pièces de haute précision pour l’industrie aéronautique. Enfin, il supervise l’assemblage des luminaires dans ses ateliers. Un architecte de la poésie, en quelque sorte…
Issue d’une famille de terriens qui a le bon sens paysan chevillé au corps, Annie Launay perpétue une tradition enfin redevenue d’actualité : rien ne se perd, tout se récupère. Enfant, elle apprend la couture et le tricot avec ses aïeules et se découvre une véritable passion pour le recyclage. Depuis, elle chine dans les brocantes et en revient les bras chargés de rouleaux de belle toile de chanvre dont on faisait des sacs de farine au milieu du XIXe, début du XXe siècle. Elle farfouille (avec leur autorisation) dans les armoires de grand-mère de ses amies et en émerge avec des draps et linges de maison… qu’elle transforme en sacs, cabas, coussins, pochons aux formes épurées…
Elle invite ses clientes à réduire leurs impacts textile en venant dans son atelier avec par exemple un vieux jean, qu’elles transforment à quatre mains en trousse, pochette… Avec sa marque Lilimargotton, elle entend promouvoir et diffuser ces valeurs d’écoresponsabilité et d’économie solidaire auxquelles elle tient tant. C’est pourquoi elle travaille aussi en étroite collaboration avec Emmaüs. Et quand elle crée à partir de tissus neufs (10% de sa production), ils sont forcément à base de fibres naturelles sourcées.
La terre, l’air, l’eau, le feu. De ces quatre éléments que la Grèce antique avait identifiés comme étant à la base de tout, Audrey Jezic trouve grisant d’en utiliser trois pour exercer son art. Elle aime aussi l’idée de succéder à des générations de céramistes qui depuis la nuit des temps recourent aux mêmes techniques pour produire des objets et des œuvres d’art. Ce qui ne l’empêche pas de créer des pièces contemporaines. Touche à tout, elle expérimente toutes les techniques, multiplie les pistes créatives…
Elle travaille au tour, mais aussi en modelage et à la plaque. Toutes les terres – porcelaine et grès – sont les bienvenues dans son atelier. Des matières qu’elle façonne, cuit, émaille… Le façonnage l’émerveille tout particulièrement, cet échange du bout des doigts avec une matière vivante à mener avec la plus grande des délicatesses. Car dans ce métier d’art tout en contrôle, le moindre geste trop appuyé, trop lent, trop rapide… oblige à tout recommencer.
Mahshid Danaei a toujours son carnet à dessin sur elle. En voyage, dans la rue, dans les musées, quand elle lit un magazine, un livre d’art… Tout commence par une esquisse, maintes fois redessinée, jusqu’au moment où elle couche sur le vélin… un modèle de bijou. Un sautoir, une bague, une paire de boucles d’oreille, un bracelet : la plupart de ses créations sont des pièces uniques ou sur-mesure qu’elle travaille uniquement dans l’or ou l’argent et orne de pierres précieuses et semi-précieuses.
Avec des ciselets qu’elle fabrique elle-même, elle repousse le métal à l’envers et à l’endroit pour lui donner la forme voulue. Elle utilise aussi, séparément ou en tandem, la technique de la cire perdue : avec ses échoppes et ses limes, elle modèle un bijou dans de la cire; qui sert à faire un moule dans lequel est fondu de l’or ou de l’argent. Au final, chacun de ses bijoux consiste en un jeu subtil de surfaces mates et brillantes qui rendent hommage à la tradition avec des lignes contemporaines.
Ce que Hélène Pierucci aime le plus chez ses clients, particuliers ou professionnels, c’est qu’ils ont « beaucoup d’imagination ». Une part importante de son art consiste à matérialiser ce qu’ils ont projeté. Sac à main, bracelet montre, ceinture, porte-cartes, objet de décoration: chaque ouvrage est une aventure créative partagée. Elle a aussi une tendresse particulière pour les objets fatigués auxquels on lui demande de redonner vie, prenant plaisir à les restaurer tout en découvrant le beau travail de ceux qui les ont confectionnés…
De son métier d’art, elle aime encore la dimension sensorielle. Sentir l’odeur puissante des cuirs quand elle entre dans son atelier. Regarder la matière, sa texture, sa façon d’accrocher la lumière, ses couleurs qui donnent parfois envie de croquer les cuirs. Écouter le bruit, très discret quand un fil de couture traverse une peau… Perfectionniste, elle apprécie que ses sens en éveil l’accompagnent et la guident vers sa quête du geste parfait.
EXTRAITS DE TEXTES
Béatrice Balivet
Créatrice de bijoux
Pour créer un bijou, Béatrice Balivet part sur une idée, un dessin, commence à manipuler la matière… et se laisse guider par la façon dont cette dernière réagit : doucement, en suivant et accompagnant ses transformations, elle la porte vers sa mue en un objet. Elle aime cette idée de hasard créatif, de relation libre et féconde entre l’esprit, le geste et la matière.
Elle travaille différents matériaux : la porcelaine principalement, dont elle aime observer les changements après cuisson ; la laine feutrée, qui offre cet instant magique quand les différents fils se feutrent, mêlant leurs couleurs pour en créer une nouvelle ; elle s’aventure aussi à explorer des matériaux semi-industriels tels que les liens de serrage, pour faire des colliers ; ou le plastique des gaines électriques qu’elle transforme à volonté grâce à leurs propriétés thermorétractables. Elle a également une véritable fascination pour la répétition des gestes. Refaire la même pièce 200 fois, avec strictement les mêmes gestes, et obtenir… 200 pièces différentes. Une ode au lâcher prise devant la force du hasard… Mais est-ce vraiment du hasard ?
Henri Bursztyn a la tête dans les étoiles. Elles lui inspirent des luminaires aux lueurs évanescentes qui subliment les atmosphères des intérieurs où ils lévitent. Amoureux d’éclairages LED discrets et poétiques, il se permet aussi des incursions dans le monde minéral et végétal pour imaginer des herbes, fleurs et fruits lumières.
Il est un designer du luxe dont l’imaginaire se nourrit de voyages, de souvenirs partagés, d’émotions. Henri Bursztyn a aussi les pieds… sur terre. C’est lui qui développe méticuleusement le process de fabrication de chacune de ses créations. Il en dessine chaque pièce et en confie la réalisation aux meilleurs artisans et métiers d’art, qu’il a rigoureusement sélectionnés : souffleurs de verre, peintres, menuisiers… mais aussi fabricants de pièces de haute précision pour l’industrie aéronautique. Enfin, il supervise l’assemblage des luminaires dans ses ateliers. Un architecte de la poésie, en quelque sorte…
Henri Bursztyn
Créateur de luminaires
Annie Launay
Re-créatrice
Issue d’une famille de terriens qui a le bon sens paysan chevillé au corps, Annie Launay perpétue une tradition enfin redevenue d’actualité : rien ne se perd, tout se récupère. Enfant, elle apprend la couture et le tricot avec ses aïeules et se découvre une véritable passion pour le recyclage. Depuis, elle chine dans les brocantes et en revient les bras chargés de rouleaux de belle toile de chanvre dont on faisait des sacs de farine au milieu du XIXe, début du XXe siècle. Elle farfouille (avec leur autorisation) dans les armoires de grand-mère de ses amies et en émerge avec des draps et linges de maison… qu’elle transforme en sacs, cabas, coussins, pochons aux formes épurées…
Elle invite ses clientes à réduire leurs impacts textile en venant dans son atelier avec par exemple un vieux jean, qu’elles transforment à quatre mains en trousse, pochette… Avec sa marque Lilimargotton, elle entend promouvoir et diffuser ces valeurs d’écoresponsabilité et d’économie solidaire auxquelles elle tient tant. C’est pourquoi elle travaille aussi en étroite collaboration avec Emmaüs. Et quand elle crée à partir de tissus neufs (10% de sa production), ils sont forcément à base de fibres naturelles sourcées.
La terre, l’air, l’eau, le feu. De ces quatre éléments que la Grèce antique avait identifiés comme étant à la base de tout, Audrey Jezic trouve grisant d’en utiliser trois pour exercer son art. Elle aime aussi l’idée de succéder à des générations de céramistes qui depuis la nuit des temps recourent aux mêmes techniques pour produire des objets et des œuvres d’art. Ce qui ne l’empêche pas de créer des pièces contemporaines. Touche à tout, elle expérimente toutes les techniques, multiplie les pistes créatives…
Elle travaille au tour, mais aussi en modelage et à la plaque. Toutes les terres – porcelaine et grès – sont les bienvenues dans son atelier. Des matières qu’elle façonne, cuit, émaille… Le façonnage l’émerveille tout particulièrement, cet échange du bout des doigts avec une matière vivante à mener avec la plus grande des délicatesses. Car dans ce métier d’art tout en contrôle, le moindre geste trop appuyé, trop lent, trop rapide… oblige à tout recommencer.
Audrey Jezic
Céramiste
Mahshid Danaei
Créatrice de bijoux
Mahshid Danaei a toujours son carnet à dessin sur elle. En voyage, dans la rue, dans les musées, quand elle lit un magazine, un livre d’art… Tout commence par une esquisse, maintes fois redessinée, jusqu’au moment où elle couche sur le vélin… un modèle de bijou. Un sautoir, une bague, une paire de boucles d’oreille, un bracelet : la plupart de ses créations sont des pièces uniques ou sur-mesure qu’elle travaille uniquement dans l’or ou l’argent et orne de pierres précieuses et semi-précieuses.
Avec des ciselets qu’elle fabrique elle-même, elle repousse le métal à l’envers et à l’endroit pour lui donner la forme voulue. Elle utilise aussi, séparément ou en tandem, la technique de la cire perdue : avec ses échoppes et ses limes, elle modèle un bijou dans de la cire; qui sert à faire un moule dans lequel est fondu de l’or ou de l’argent. Au final, chacun de ses bijoux consiste en un jeu subtil de surfaces mates et brillantes qui rendent hommage à la tradition avec des lignes contemporaines.
Ce que Hélène Pierucci aime le plus chez ses clients, particuliers ou professionnels, c’est qu’ils ont « beaucoup d’imagination ». Une part importante de son art consiste à matérialiser ce qu’ils ont projeté. Sac à main, bracelet montre, ceinture, porte-cartes, objet de décoration: chaque ouvrage est une aventure créative partagée. Elle a aussi une tendresse particulière pour les objets fatigués auxquels on lui demande de redonner vie, prenant plaisir à les restaurer tout en découvrant le beau travail de ceux qui les ont confectionnés…
De son métier d’art, elle aime encore la dimension sensorielle. Sentir l’odeur puissante des cuirs quand elle entre dans son atelier. Regarder la matière, sa texture, sa façon d’accrocher la lumière, ses couleurs qui donnent parfois envie de croquer les cuirs. Écouter le bruit, très discret quand un fil de couture traverse une peau… Perfectionniste, elle apprécie que ses sens en éveil l’accompagnent et la guident vers sa quête du geste parfait.
Hélène Pierucci
Maroquinière